Communiqué de presse

Santé : une étude montre que les variations saisonnières peuvent renforcer la présence de bactéries responsables de la méningite chez l’homme

Une étude menée en Côte d'Ivoire par le groupe de recherche sur la méningite du Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS) a mis en lumière la dynamique spatio-temporelle du microbiome oropharyngé chez des écoliers ivoiriens âgés de 8 à 12 ans. Ce travail de recherche a permis de caractériser les variations saisonnières des micro-organismes présents dans la gorge et l’impact du climat sur certaine famille de bactéries contenant des espèces pathogénique tel que les Neisseria (Neisseria meningitidis)les Streptococoques (Streptocoques pneumoniae) et les Haemophilus (Haemophilus influenzae). Ces bactéries couramment présentes dans la gorge peuvent sous certaines conditions, devenir pathogène et provoquer la méningite, une infection grave souvent fatale capable de se propager sous forme d'épidémies. L’étude a été publiée en décembre 2024 dans la revue Nature- Scientific Report (lire la publication intégrale ici:  https://www.nature.com/articles/s41598-024-81829-6 ).    

Les voies respiratoires, et plus spécifiquement la gorge, hébergent une multitude de micro-organismes qui coexistent généralement de manière symbiotique avec l'être humain. Parmi ces micro-organismes figure le Neisseria meningitidis. L'objectif principal de cette étude était d'analyser comment les micro-organismes de la gorge varient selon les saisons et la position géographique et de déterminer l'impact de ces variations sur le système immunitaire local, particulièrement en ce qui concerne la présence de méningocoques (autre nom de la bactérie Neisseria meningitidis). La recherche a été menée sur une cohorte d’écoliers répartie entre les régions nord (Korhogo) et sud (Abidjan) de la Côte d'Ivoire, deux zones géographiques caractérisées par des conditions climatiques distinctes. Le nord de la Côte d'Ivoire, situé dans la ceinture de la méningite, est associé à de brusques changements climatiques et à un taux d'humidité globalement plus faible, tandis que le sud du pays bénéficie d'un climat plus stable et plus humide tout au long de l'année.  L’étude a révélé des différences significatives dans le microbiome de la gorge entre les enfants des deux sites étudiés,Abidjan et Korhogo. Les enfants d'Abidjan présentaient une diversité bactérienne plus élevée, généralement associée à une meilleure santé, tandis que les enfants de Korhogo montraient un portage plus fréquent de bactéries du genre Neisseria, bien que le portage de Neisseria meningitidis reste globalement très faible. Aucun portage de Neisseria n’a été détecté à Abidjan.

Les résultats préliminaires de l'étude indiquent que des fluctuations significatives des populations microbiennes de la gorge se produisent en fonction des saisons.. En effet, les corrélations entre les facteurs climatiques (température, vitesse du vent et niveau d'humidité) et les changements dans le microbiome ont été explorées dans cette étude et ont révélé des corrélations significatives entre certain facteurs tel que l’humidité relative et l'abondance des Nesseria; cette corrélation négative indique que l’abondance des Neisseria diminue lorsque l’humidité augmente.   

Des implications importantes pour la santé publique

Cette étude est d'une importance capitale pour la santé publique en Côte d'Ivoire et dans d'autres régions à risque. Le microbiote est reconnu pour son influence sur l'état de santé des populations. Comprendre sa composition et ses variations vont permettre d’ouvrir de nouvelles voies vers  des stratégies préventives plus ciblées, telles que la vaccination, des campagnes de sensibilisation durant les saisons propices à la colonisation de potentiels pathogènes tel que Neisseria meningitidis  ou même le développement de probiotique adapté au contexte Ivoirien.

L’analyse de la dynamique spatio-temporelle du microbiome oropharyngé permet d’affiner notre compréhension des facteurs environnementaux et saisonniers qui influencent la présence de bactéries potentiellement dangereuses, » explique le Dr Kanny Diallo, responsable du groupe de recherche. « Ces découvertes renforcent l'importance de la surveillance microbiologique continue pour identifier de  manière précise les pathogènes qui circulent dans nos populations.

À propos de l'étude
L’étude a été réalisée par une équipe de chercheurs du CSRS et Afrique One en collaboration avec des institutions spécialisées dans la microbiologie, la génomique et la santé publique à savoir  WACCBIP (Ghana), UFHB, INPHB, Université Nangui Abrogoua, LANADA (Côte d'Ivoire), Imperial College London (UK) et University of Cape Town (South Africa). L’étude s’inscrit dans un cadre plus large de surveillance de la santé respiratoire et de la prévention des infections graves dans les populations vulnérables, notamment les enfants.

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