Bilan du projet MEVacP, interview avec le Dr Kanny DIALLO

 

Bonjour Kanny Diallo, vous êtes chercheure associée au centre suisse de Recherche Scientifique en Côte d’Ivoire vous dirigez des projets. Avez-vous d’autres informations à apporter à votre présentation ?

Bonjour ! comme vous l’avez dit, Je m’appelle Kanny Diallo, je suis Africaine d’origine Guinéenne, j’ai grandi dans plusieurs pays du continent, notamment la Côte d’Ivoire, le Tchad, le Mali et le Ghana avant de revenir m’installer à Abidjan avec ma famille en 2019.

J’ai également passé une bonne partie de ma vie à Montréal au Canada ou j’ai fait mes études jusqu’au Master à l’université McGill. Et pour ajouter à votre présentation Je suis Biochimiste de formation, spécialisé en biologie moléculaire appliquée aux maladies infectieuses. J’ai poursuivi ma formation en Angleterre à l’université d’Oxford, après 4 ans d’expériences professionnelles dans le monde de la recherche au Mali. J’y ai obtenu un Doctorat (DPhil) du département de Zoologie en épidémiologie moléculaire des maladies infectieuses. De manière simple j’étudie la diversité génétique des pathogènes pour comprendre leur évolution et trouver des moyens de contrôler et éventuellement prévenir les maladies qu’ils causent. J’ai principalement travaillé sur la méningite.

 

À propos, vous avez conduis un projet portant sur la méningite appelé Molecular Epidemiology for Vaccination Policy en abréger MEVacP, parlez nous en de quoi s’agit -il ? et quels étaient les objectifs ?

Le projet MEVacP est une collaboration entre des chercheurs de l’université d’Oxford et de différents pays d'Afrique dont la Côte d’Ivoire. Ce sont des scientifiques, des médecins, des spécialistes des sciences sociales et de la santé publique dans le but d'améliorer notre compréhension de la méningite bactérienne en Afrique. Ce projet avait pour objectif principal de participer à la lutte contre la méningite en démontrant l’utilité des études d’épidémiologie moléculaire dans la compréhension de l’impact des vaccins existants et par le développement de nouveaux outils de diagnostics plus efficaces et moins coûteux. Il avait également pour objectif d’améliorer les connaissances des populations, des professionnels de la santé et des décideurs sur la méningite.

 

Pouvez-vous nous parler de vos différentes activités effectuées dans le cadre du MEVacP ?

Dans le cadre de ce projet nous avons eu a mené des activités de terrain à savoir ;Une enquête sociologique sur le système de surveillance de la méningite en Côte d’Ivoire, une sensibilisation sur la méningite dans des écoles primaires de Tengrela, Korhogo et Abidjan à partir d’une bande dessinée et d’un dessin animé conçu par le projet, une sensibilisation sur la méningite dans des établissements de premier contact, des établissements de niveau secondaire et des structures en charge de la vaccination d’Abidjan, Tengrela et Korhogo à partir d’affiches conçu par le projet.

On a de même organisé des activités de restitution et de formation. Il s’agit d’une formation de 20 personnes issus de 8 pays en épidémiologie moléculaire et d’un atelier de restitution des résultats de l’enquête sociologique sur le système de surveillance de la méningite en Côte d’Ivoire à Abidjan, Tengrela et Korhogo. Ensuite des activités de recherche scientifique sur le développement de nouveaux outils de diagnostic moléculaire pour la détection des principaux agents de la méningite bactérienne et des activités de communication avec la création et l’animation d’un site web, la création et l’animation d’un compte Facebook, la création et l’animation d’un compte Twitter.

 

Maintenant que le projet MEVacP est à son terme, quel bilan faites- vous ?

Nous avons atteint les objectifs assignés à ce projet pour notre équipe de Côte d’Ivoire. Cependant, il reste beaucoup à faire en matière de sensibilisation pour une large couverture vaccinale contre la méningite. Notre étude enquête sociologique sur le système de surveillance de la méningite en Côte d’Ivoire a révélé des gaps qu’ils restent à combler, surtout en matière de formation des agents de santé et de capacité de diagnostic moléculaire au niveau des établissements de niveau secondaire et /ou des établissements de premier contact.

 

Et Quel impact aurait-il sur les progrès visant à l’éradication et à la prévention

de la méningite en Afrique ?

Les activités de terrain et de communication ont permis de rappeler aux uns et autres que la maladie existe dans nos communautés, qu’elle cause des séquelles parfois irréversibles, parfois même la mort et qu’on peut l’éviter par la vaccination et par des comportements d’hygiènes de vie adéquats. Elle a permis de rappeler aux professionnels de la santé le besoin de se recycler et aux acteurs du système de surveillance de rester en alerte car les pathogènes de la méningite sont toujours en circulation. Elle a également permis d’inviter les structures en charge de la vaccination à sensibiliser et créer des programmes de vaccination spécifique à la méningite. Des informations adaptées à toutes les catégories professionnelles ou sociales sont disponibles sur le site internet du projet afin de fournir à la population les outils nécessaires pour éradiquer la méningite. Le projet a mis en évidence de nouveaux outils de diagnostic qui si elles sont adoptées dans le diagnostic de routine pourrait contribuer à l’amélioration du diagnostic des bactéries de la méningite.

 

 

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